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Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. J’ai 26 ans. Et quel chemin parcouru ces dernières années, au propre comme au figuré ! Dans des circonstances exceptionnelles, certes. Mais je n’aurais jamais pu imaginer une telle trajectoire : cette guerre, survivre, devenir pilote. Qui donc même aurait pu le prédire ? Tout cela s’est fait presque au claquement de doigts, et en même temps, tous ces mois m’ont parfois paru si longs ! Quand je me retourne sur ces années écoulées, je reste interrogatif. Quel sens à cela ? Pourquoi un tel parcours ? Pourquoi moi ? J’en suis heureux, presque dramatiquement heureux eu égard aux circonstances terribles dans lesquelles nous vivons depuis tant de mois. J’ai le sentiment d’être un Elu. Et pour autant, une part de mon âme préférerait que tout cela ne soit pas. Que je sois resté l’ouvrier voilier que j’étais, et que personne ne vive les douleurs, les privations, les doutes sur l’avenir qui sont dorénavant notre quotidien. Etrange instant. Etranges sentiments. Quel sens à cette vie que je donne sans compter parce que ma Patrie a besoin que je la donne ? Je pense à vous mes parents, je pense à toi mon fils.
Au diable ces interrogations ! J’ai 26 ans. Je reviens de blessure sans trop de dégâts. Je suis chef d’escadrille depuis le 7 juillet, date où j’ai pris le commandement de la SPA 88 en remplacement du capitaine Doumer, tué en combat aérien le 28 juin. J’ai été nommé lieutenant le 13 juillet. J’ai remporté une 23e victoire le 19 juillet. Que demander de plus ? La dynamique de la victoire est en marche. La vie est belle. Champagne !